Inauguration du monument aux soldats d’Erbray morts pour la France.
Le dimanche 6 mai, a eu lieu l’inauguration du Monument élevé par la commune d’Erbray, à ses soldats morts pour la France. Cette fête impatiemment attendue avait attiré la plus grande partie de la population de la commune et un grand nombre de personnes des communes voisines.
C’est qu’il est magnifique le monument d’Erbray ! A la gloire du Conseil Municipal et du Comité chargé de son érection, ce Monument peut figurer parmi les plus beaux Monuments qu’il est donné d’admirer dans la région.
Sur un beau socle de granit entouré d’une superbe grille en fer forgé, un soldat, un poilu, la tête haute, tenant son fusil dans ses deux mains crispées, symbolise la résistance.
La cérémonie de l’inauguration fut digne du monument lui-même. A deux heures de l’après-midi, au son de toutes les cloches qui tintent le glas funèbre et de la musique instrumentale de Moisdon-la-Rivière dirigée avec habileté par M. Vié, son chef, le cortège se rend de la mairie à l’église. Il est ainsi composé : les enfants des écoles, les chanteurs, la musique instrumentale, la jeunesse catholique avec son drapeau, les membres du Secours Mutuel avec leur bannière, les Anciens Combattants et les Mutilés de guerre…les jeunes gens de la classe avec également leur drapeau, puis le Conseil municipal et le Conseil paroissial ; puis vient ensuite M. le Maire entouré de M. Busson-Billaud sénateur, de MM. Ginoux-Defermon, de Juigné, Lecour-Grandmaison, députés ; de M. de Charrette, conseiller général, de M. le Capitaine Constant, représentant le Général commandant le XIème Corps ; de M. Barthoulot, vice-président de l’Union des Mutilés de Nantes ; de M. le juge de paix du canton, et d’un grand nombre de notabilités des communes voisines.
A l’église, pour la circonstance magnifiquement décorée de guirlandes de verdures en feston et de faisceaux de drapeaux aux couleurs nationales, M. le Chanoine Tessier, curé de la paroisse, reçoit les autorités qui prennent place dans l’avant-choeur.
La cérémonie religieuse commence, coupée par de belles pages musicales interprêtées par la fanfare de Moisdon et par des chants qu’exécutent brillamment M. l’abbé Riochet, vicaire, le chœur des chantres et la chorale des jeunes filles. Avant le Salut, un prêtre soldat, M. l’abbé Grillon, licencié en histoire, monte en chaire et pendant une demi-heure, devant la foule fortement impressionnée chanta la gloire de nos vaillants soldats dans les batailles de la Marne, de l’Yser, de Verdun, de Salonique et des Dardanelles.
Le chant du Libera devant une tombe placée devant l’autel et qui rappelait si bien les humbles tombes du front, termina la cérémonie à l’église. Avec les familles des soldats morts, le cortège se remit en marche vers le monument. M. le chanoine Tessier, curé d’Erbray, avant de le bénir prit la parole. Le vénérable pasteur laissa parler son cœur de père. Ces héros, en effet, ne sont-ils pas ses enfants ? Pour la plupart, il a béni leur union, il les dirigés dans le chemin qui mène à Dieu, pour la plupart même, il les a baptisés. Il engagea ses chers paroissiens à se souvenir de leurs soldats défunts : la Croix, dit-il, qui domine leur nom vous rappellera que ces héros, animés de la foi de leurs pères se sont sacrifiés avec l’espoir de l’éternelle récompense, la Croix de guerre sera le symbole de leur vaillance.
M. Leneil, maire, fait alors à haute voix l’appel des morts ; en son nom personnel et au nom des membres du conseil municipal il remercie les autorités et tous ceux qui l’ont aidé dans l’érection et l’ornementation du monument. Vient ensuite la série des discours : discours de M. le Juge de Paix, du Vice-Président des Mutilés de Nantes, de M. de Charrette, du Capitaine représentant le Général, de M. Ginoux-Defermon et de M. le Sénateur Busson-Billand. La musique instrumentale termina la cérémonie par le Salut au Drapeau et la Marseillaise, pendant lesquels les six drapeaux et bannières, placés face au monument, demeurèrent inclinés.
Un vin d’honneur réunit à la mairie, autour de M. le Maire, les Autorités et les Anciens Combattants, et le soir, au banquet, on évoqua les souvenirs du front et la bonne camaraderie qui doit régner entre tous.
En somme, belle journée, toute à la gloire des Enfants d’Erbray morts pour la France.
Le Courrier de Châteaubriant et la région 12 Mai 1923