France (Indre) Châteauroux (36000)

Conflits commémorés
  • 1914-18
  • Monument départemental
informations déposées par Lacour Lucien et mises à jour par Lucien Lacour, Philippe Saget dernière mise à jour le 25/10/2022

Description du monument

 Il s'agit d'un groupe sculpté de dimensions monumentales (2 mètres 40 mesurés in situ pour chacune des statues) porté par un socle à quatre degrés. La pierre calcaire se détache sur la haie de verdure de la résidence préfectorale.
   Ce sont deux femmes, placées sur une même ligne et de tailles identiques, figées dans l’immobilité du recueillement. Le dispositif frontal qui a été adopté fait du spectateur le témoin involontaire d’une souffrance bouleversante, éprouvée au plus profond de leur être par celles qui ont perdu un fils ou un époux. La ressemblance avec certaines statues médiévales explique le nom qui les désigne couramment, celui de "Pleureuses".
  Les commentaires de jadis les situaient volontiers devant une fosse ouverte, assistant à une exhumation d'un être cher ou, plus simplement, devant sa tombe. Pour sa part le sculpteur a  confié avoir trouvé son inspiration dans la rencontre inopinée de « deux paysannes revenant du front et accompagnant le cercueil d’un soldat mort à la guerre ».   
   Les costumes sont ceux de deux paysannes pour un monument élevé à la mémoire des morts d’un département essentiellement rural. Mais le capuchon dissimule aussi les traits, projette son ombre sur les visages penchés vers le sol. C’est dans les mains surtout que se réfugie la recherche d’expressivité qui individualise les deux femmes : poings serrés, crispés dans une révolte muette, chez la plus âgée, la mère ; mains qui se rejoignent chez l’épouse, légèrement en retrait.

Matériaux

Le devis estimatif des travaux dressé par l'architecte L. Suard (document non daté, aux archives départementales de l'Indre, cote 4 T 178 ex 764 W 49) précise qu'il s'agit de pierre calcaire de taille de Chauvigny pour le socle et de pierre de Lavoux pour le groupe sculpté.

Economie

Prix

132 735 francs

Commentaires (économie)
La somme de 100 000 francs pour le monument figure sur le devis estimatif des travaux à exécuter  : 85 000 F pour la maquette et la mise au point définitive ; 2 200 F + 3 381, 75 F pour la fourniture de la pierre (A.D.I. 4 T 178 ex 764 W 49). Le marché de gré à gré entre le préfet et le sculpteur, en date du 12 juillet 1928, confirme la somme de 85 000 francs revenant au statuaire (archives de la famille du sculpteur).
   Un décompte final est présenté devant le conseil général le 26 avril 1933 (A.D.I. 4 T 178 ex 764 W 49). Il fixe la dépense totale à 132 735 F, qui se décomposent ainsi : 110 387, 53 pour le monuemnt (dont 4 247, 30 F pour la pierre) ; 10 000 F pour la grille ; 12 347, 50 F pour la mise en place et les frais d'inauguration.  

   L'intégralité de la dépense a été couverte par le conseil général de l'Indre, sans intervention de l'Etat. ; le conseil général a voté successivement un crédit de 15 000 francs (délibération du 24 septembre 1924), puis un autre de 85 000 francs (délibération du 13 octobre 1928). Mais il a fallu ajouter 10 000 francs pour la confection d'une grille (délibération du 31 octobre 1931) et un supplément de 6000 ou 7 000 francs (délibération du 19 mai 1932) pour des travaux non prévus, enfin .16 283, 03 francs (le 26 avril 1933). 

   De tout cela le sculpteur a touché les 85 000 francs prévus initialement prévus et l'architecte 5 895, 50 francs. 

Inscriptions présentes sur le monument

Sur une plaque polygonale inclinée en avant du socle et faisant corps avec lui :
À SES ENFANTS
MORTS POUR LA FRANCE
LE DÉPARTEMENT DE L'INDRE
RECONNAISSANT


et au dessous sur une même ligne
1914-1918 et 1939-1945

Les morts

Il n'y a aucune plaque portant les noms des morts (trop nombreux pour l'ensemble du département).
En 2018 une liste à jour des morts de la seule ville de Châteauroux, établie par une équipe de généalogistes et d'historiens, a été inscrite sur des panneaux à droite de la place en regardant les Pleureuses. 
Pas de noms

Sources / Bibliographies / Sites Internet

Ce dépôt a bénéficié d'informations puisées dans les archives privées de la famille du sculpteur.
  • Francesca et Lucien Lacour, Sur les pas d'Ernest Nivet dans l'Indre, oeuvres de plein-air, Châteauroux, Les Amis d'Ernest Nivet, 1998;
  • Michel Maupoix et collaborateurs, Sculptures de l'Indre, Niort, RPR et CG de l'Indre, 2011, chapitre 19.
  • Lucien Lacour, "Genèse des monuments de Châteauroux", Actes du colloque du Centenaire 2014, Châteauroux, CREDI éditions, 2015. 
  • Francesca et Lucien Lacour, Ernest Nivet (1871-1948) - Vie et destinée d'un praticien de Rodin, La Geneytouse, Lucien Souny, 2018, p. 277-282. 

Historique du monument

  • 1918
  • Délibérations Conseil municipal 26/11/1918

    (dénomination donnée à l'ancienne place de la Préfecture par délibération municipale du 26 novembre 1918). L'emplacement a fait débat en son temps et cette discussion est en partie responsable ...

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    Délibérations Conseil municipal 26/11/1918
    (dénomination donnée à l'ancienne place de la Préfecture par délibération municipale du 26 novembre 1918).
    L'emplacement a fait débat en son temps et cette discussion est en partie responsable du retard apporté à la construction du monument. On notera qu'il s'agit d'un espace détaché des jardins de la résidence préfectorale, propriété du conseil général. L'architecte et le sculpteur avaient nettement marqué leur préférence pour cet emplacement. 
  • 1921
  • Autres 04/05/1921
    Source : Délibération du conseil général (A.D.I. 1N 60).

    Demande d'exécution d'une maquette du monument au sculpteur Ernest Nivet

  • 1923
  • Emplacement 25/04/1923
    Source : délibération du conseil général (A.D.I. 1 N 62).

    Choix d'une première maquette et du terre-plein de la place de la Préfecture par le conseil général. 

  • Presse 25/07/1923
    Source : Centre Républicain, article de Georges Lubin

    Une heure chez Nivet.  « (… )      L’atelier exigu qu’illumine une seule verrière est plein jusque dans ses moindres recoins. Dans un angle, des linges mouillés sous lesquels palpite ...

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    Presse 25/07/1923
    Une heure chez Nivet.
     « (… )      L’atelier exigu qu’illumine une seule verrière est plein jusque dans ses moindres recoins. Dans un angle, des linges mouillés sous lesquels palpite une vie, l’ébauche d’une œuvre. Mes yeux interrogent ; c’est le monument aux Morts qu’a commandé le conseil général et pour lequel je viens spécialement. Côte à côte, deux maquettes, toutes deux très belles. Celle de gauche représente deux femmes, deux Berrichonnes en caraco et en coiffe encadrant une stèle. L’une pleure, le buste penché sur le tombeau, l’autre songe avec douleur et prie peut-être : merveilleuse personnification du Souvenir, toujours vivant dans l’âme des mères et des épouses. C’est cette maquette qu’a choisie le conseil.
                    L’autre représente deux Berrichonnes encore, en longue capote noire, assistant à l’ouverture de la tombe d’un fils. Moment pathétique et poignant, l’une est tombée à genoux, et les vieilles faces ravagées se sillonnent de larmes.
                    J’aurai peut-être préféré celle-ci, plus vibrante, plus violente, qui saisit d’une émotion plus soudaine. Le conseil général a préféré l’autre, plus sereine, aussi belle ; aussi grande. Pour bien faire, il aurait fallu pouvoir prendre les deux. (…) »
  • 1926
  • Autres 30/10/1926
    Source : Délibération du conseil général (A.D.I.1 N 65).

    Nouvelle délibération pour confirmer l'emplacement en répondant aux propositions faites par la ville de choisir plutôt la place Lafayette.  Revirement du conseil général qui préfère l'autre projet ...

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    Autres 30/10/1926

    Nouvelle délibération pour confirmer l'emplacement en répondant aux propositions faites par la ville de choisir plutôt la place Lafayette. 

    Revirement du conseil général qui préfère l'autre projet du sculpteur, les Pleureuses, écartées dans un premier temps. 

  • 1928
  • Marché de gré à gré 12/07/1928
    Source : A.D.I 764 W 49

    Marché de gré à gré établi par le Préfet de l'Indre avec le sculpteur Ernest Nivet.

  • 1932
  • Autres 1932
    Source : Presse locale

    De nombreux entrefilets du Journal du Département de l'Indre et du Gargaillou se font l'écho des retards multiples apportés à la réalisation du monument jusqu'à cette date. 

  • 1934
  • Cérémonies diverses 1934
    Source : Lucien Lacour

    Maquette du monument aux morts présentée au Salon des artistes français

  • 2016
  • 2018
  • Rénovation 12/10/2018
    Source : La Nouvelle République du 13 octobre 2018

    "La place de la Victoire- et-des-Alliés est fin prête. Après cinq mois de travaux intensifs, dont le nettoyage et la mise en valeur des Pleureuses, la célèbre statue d’Ernest Nivet, et la ...

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    Rénovation 12/10/2018
    "La place de la Victoire- et-des-Alliés est fin prête. Après cinq mois de travaux intensifs, dont le nettoyage et la mise en valeur des Pleureuses, la célèbre statue d’Ernest Nivet, et la création d’un parvis pour matérialiser le lieu des cérémonies (entre autres), le point final a été apporté à cette refonte, à la mi-septembre. 
    Hier soir, ce cœur de la cité a été inauguré, en présence de Gil Avérous, maire de Châteauroux. « Nous avons modifié le programme de rénovation des rues, a-t-il rappelé. Cette place aurait dû être rénovée en 2020. » Résultat : elle sera prête pour le centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre. 
    Le montant total de cette rénovation s’élève à 700.000 € TTC. « Nous avons fait tout notre possible, avec les entreprises dont je salue l’efficacité, pour que ce lieu de mémoire redevienne un vrai lieu de recueillement, et pas seulement un endroit où on vient garer sa voiture. » A ce sujet, la place comporte désormais soixante places bien délimitées, ce qui n’était pas le cas avant. 
    Les travaux continuent. Dans quelques mois les rues des Remparts, Saint-Martin et
    de la Vieille-Prison seront, elles aussi, rénovées."

    La restauration du monument intervenue en 2018 est l'oeuvre du sculpteur Didier Fauguet, ancien restaurateur d'art au musée du Louvre, établi à Saint-Plantaire (Indre), qui a réalisé aussi les restaurations des monuments d'Ernest NIvet à Eguzon et Levroux.