Il s'agit d'un groupe sculpté de dimensions monumentales (2 mètres 40 mesurés in situ pour chacune des statues) porté par un socle à quatre degrés. La pierre calcaire se détache sur la haie de verdure de la résidence préfectorale.
Ce sont deux femmes, placées sur une même ligne et de tailles identiques, figées dans l’immobilité du recueillement. Le dispositif frontal qui a été adopté fait du spectateur le témoin involontaire d’une souffrance bouleversante, éprouvée au plus profond de leur être par celles qui ont perdu un fils ou un époux. La ressemblance avec certaines statues médiévales explique le nom qui les désigne couramment, celui de "Pleureuses".
Les commentaires de jadis les situaient volontiers devant une fosse ouverte, assistant à une exhumation d'un être cher ou, plus simplement, devant sa tombe. Pour sa part le sculpteur a confié avoir trouvé son inspiration dans la rencontre inopinée de « deux paysannes revenant du front et accompagnant le cercueil d’un soldat mort à la guerre ».
Les costumes sont ceux de deux paysannes pour un monument élevé à la mémoire des morts d’un département essentiellement rural. Mais le capuchon dissimule aussi les traits, projette son ombre sur les visages penchés vers le sol. C’est dans les mains surtout que se réfugie la recherche d’expressivité qui individualise les deux femmes : poings serrés, crispés dans une révolte muette, chez la plus âgée, la mère ; mains qui se rejoignent chez l’épouse, légèrement en retrait.
Matériaux
Le devis estimatif des travaux dressé par l'architecte L. Suard (document non daté, aux archives départementales de l'Indre, cote 4 T 178 ex 764 W 49) précise qu'il s'agit de pierre calcaire de taille de Chauvigny pour le socle et de pierre de Lavoux pour le groupe sculpté.
Economie
Prix
132 735 francs
Commentaires (économie)
La somme de 100 000 francs pour le monument figure sur le devis estimatif des travaux à exécuter : 85 000 F pour la maquette et la mise au point définitive ; 2 200 F + 3 381, 75 F pour la fourniture de la pierre (A.D.I. 4 T 178 ex 764 W 49). Le marché de gré à gré entre le préfet et le sculpteur, en date du 12 juillet 1928, confirme la somme de 85 000 francs revenant au statuaire (archives de la famille du sculpteur).
Un décompte final est présenté devant le conseil général le 26 avril 1933 (A.D.I. 4 T 178 ex 764 W 49). Il fixe la dépense totale à 132 735 F, qui se décomposent ainsi : 110 387, 53 pour le monuemnt (dont 4 247, 30 F pour la pierre) ; 10 000 F pour la grille ; 12 347, 50 F pour la mise en place et les frais d'inauguration.
L'intégralité de la dépense a été couverte par le conseil général de l'Indre, sans intervention de l'Etat. ; le conseil général a voté successivement un crédit de 15 000 francs (délibération du 24 septembre 1924), puis un autre de 85 000 francs (délibération du 13 octobre 1928). Mais il a fallu ajouter 10 000 francs pour la confection d'une grille (délibération du 31 octobre 1931) et un supplément de 6000 ou 7 000 francs (délibération du 19 mai 1932) pour des travaux non prévus, enfin .16 283, 03 francs (le 26 avril 1933).
De tout cela le sculpteur a touché les 85 000 francs prévus initialement prévus et l'architecte 5 895, 50 francs.