Le monument tout en pierre dure est constitué d’une statue «en pierre silicatée », posée sur un piédestal de grande taille («socle en granit taillé »). Le piédestal est installé sur deux assises, la plus basse formant emmarchement et se trouvant au sommet d’un massif en forme de pyramide tronquée délimité par un entourage de pierres sur lequel est fixée, tout autour du monument, une barrière métallique.
La statue représente le «Poilu mourant», c’est du moins ce qu’indique Urbain Gourdon dans son “Devis descriptif pour la fourniture d’un monument commémoratif à élever à la mémoire des Enfants de Luçay-Le-Mâle, Morts pour la France”, devis établi le 23 août 1920 sur papier à entête personnel : “MARBRERIES GENERALES, U. GOURDON, DIRECTEUR. Propriétaires-Exploitantes de CARRIERES de GRANIT et de SYENITE. MAGASIN & BUREAUX A PARIS, 33, rue Poussin » (dans le 16e arrondissement). Ce devis descriptif proposé à la Mairie de Luçay-le-Mâle ne se limite pas à la statue, mais correspond à un monument complet : socle, couronne en bronze, inscription principale, noms des soldats tués sur des panneaux de marbre appliqués sur les côtés du monument et au sommet la statue «en pierre silicatée ».
La statue visible au sommet du monument de Luçay-le-Mâle représente un “Poilu mourant” casqué et en uniforme. Sa capote, porte des rouleaux d’épaule (qui évitaient notament à la bretelle du fusil de glisser de l’épaule pendant les déplacements). Le combattant tient avec sa main gauche, tout contre sa poitrine, un drapeau replié. Son buste est basculé vers l’arrière, comme s’il venait d’être mortellement touché. Alors que sa jambe gauche lui sert d’appui, sa jambe droite, celle qui était en avant, commence à être entraînée par le basculement de son buste vers l’arrière. Les plis de sa capote, largement remontés sur les côtés afin de faciliter sa progression laissent bien voir ses bandes molletières. Sa ceinture soutient à l’avant deux cartouchières, une troisième étant fixée au bas de son dos entre une musette à gauche et à droite ce qui semble être une gourde. Derrière la jambe droite du combattant se dresse un amas informe qui, sur les versions en marbre du même “Poilu mourant ”, correspond à une souche d’arbre.
Sur la face antérieure du socle sur lequel reposent les pieds du «Poilu mourant » apparaît en relief sur une ligne l’inscription : « PRO PATRIA » (Pour la patrie).
Un modèle du «Poilu mourant » avec l’inscription « PRO PATRIA », lui aussi fourni par Urbain Gourdon, se retrouve sur le Monument aux morts de Froberville dans le département de la Seine-Maritime (https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/3278/froberville-presdeleglise/) ; ainsi que sur le Monument aux Morts de Biville-la-Baignarde, commune elle aussi située dans le département de la Seine-Maritime (http://lycees.ac-rouen.fr/ango/IMG/pdf/biville-la-baignarde.pdf). Dans les deux cas la statue est mise en valeur par un imposant piédestal.
Par contre à Arques dans le département du Pas-de-Calais, le « Poilu mourant
», qui figure sur le Monument aux Morts fourni par Urbain Gourdon, n’est que l’un des éléments de la statuaire constituant le monument (https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/1866/arques-place/). C’était la même chose pour l’ancien Monument aux Morts de Groslay dans le département du Val-d’Oise, qui a été remplacé par un autre monument dans les années 1970 (http://www.monumentsauxmorts.fr/crbst_1261.html)
A Sanvensa dans le département de l’Aveyron le Monument aux Morts comporte la statue du « Poilu mourant », mais celui-ci tient en plus de la main droite un fusil (https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/15520/sanvensa-place/).
En-dessous de l’arc de cercle, qui souligne la partie supérieure de la face antérieure du piédestal en « granit taillé », est fixée une « couronne » végétale ouverte vers le haut et encadrée de deux palmes. Elle domine l’inscription principale réalisée sur 5 lignes. Les deux lignes supérieures de l’inscription sont bordées d’un décor de guirlande en trois éléments. Les mêmes décors de guirlande se retrouvent au même niveau sur les angles postérieurs du piédestal. Couronne, palmes, inscriptions et guirlandes sont dorées.
Sur les faces latérales du piédestal, des panneaux de marbre portent sous une reproduction de Croix de guerre dorée, dans un ordre qui semble avoir suivi l’annonce des décès aux familles (plaque latérale droite 1914-1917, puis plaque latérale gauche 1917-1918…), les noms et prénoms des 86 enfants de Luçay-le-Mâle, Morts pour la France pendant la première guerre mondiale. Ces panneaux sont fixés par quatre étoiles à cinq branches pour le panneau latéral gauche et quatre boutons de forme circulaire pour le panneau latéral droit).
Sur la face antérieure de l’assise supérieure, une plaque de teinte blanche porte en rouge
« 1939-1944 » encadré par deux triples chevrons, puis sur deux colonnes 6 noms et prénoms et ensuite un 7ème seul au centre.
Sur la face antérieure de l’assise inférieure, sur quatre lignes, en lettres d’or sur une plaque de teinte blanche les noms et prénoms des 2 morts de la “GUERRE ” en “A.F.N.”, “1954-1962”.
La grille métallique qui protège le monument sur ses quatre faces, comporte en partie haute toute une série de reproductions de la Croix de guerre (Croix à quatre branches avec, entre les branches, deux épées croisées). Les unes portent au centre, regardant vers la droite, «l’effigie de la République coiffée d’un bonnet phrygien ceint d’une couronne de laurier » (reprenant en cela, la représentation figurant sur l’avers de la médaille), les autres portent les dates « 1914 1918 » (reprenant le millésime « 1914-1918 » correspondant à toute la durée de la première guerre mondiale au revers de la médaille).
Le monument est par ailleurs encadré par deux véritables trophées militaires : deux Minenwerfer moyen – 17 cm (lance-mines utilisés par l’armée allemande pendant de la guerre 1914-1918. En 1985, l’Ecole de Spécialisation du Matériel de l’Armée de Terre (l’ESMAT) de Châteauroux - La Martinerie les avait remis en place après les avoir restaurés (ESMAT CONTACT n° 20, mars 1985 pages 25 et 26 et DUBANT Didier - Châteauroux-La Martinerie 1915-2012 Histoire d’une base militaire dans l’Indre Editions Sutton 2013 page 106).
sculpture : pierre artificielle
. A l’origine une grille métallique complémentaire assurait la protection du monument vis-à-vis des deux routes (voir les cartes postales anciennes).