Grand Hebdomadaire illustré, n° 32, dimanche 8 août 1920, p. 254 Le dimanche 1er août, à 11 heures, a été inauguré le monument élevé par la commune ...
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Le dimanche 1er août, à 11 heures, a été inauguré le monument élevé par la commune de Grand-Fort-Philippe, aux morts de la grande guerre.
La fête avait été très bien préparée, toute la localité était pavoisée.
Le monument fut bénit à 11 heures, par M. le curé, avec le concours de la Musique d’Oye-Plage. Peu après arrivèrent les autorités civiles. M. Maechal, président de la commission, souhaite la bienvenue à M. de Lavenay, sous-préfet ; à M. Terquem, maire de Dunkerque ; à MM. Delesalle et des Rotours, députés ; à M. Merlin, conseiller général, etc. M. Dumon, maire, en prenant possession du monument, prononça un émouvant discours pour exprimer toute la gratitude de la commune pour la Mutelle, et M. Delemar, son secrétaire général, pour les donateurs et souscripteurs, etc.
Puis le général Lévi s’avance à son tour vers la tribune. Une salve d’applaudissements crépite. Avec sa rude bonhomie, en phrases hachées, brèves et énergiques comme des ordres, le glorieux soldat dit qu’il ne faut pas oublier, jamais oublier. Il félicite ceux qui eurent l’idée d’élever ce cénotaphe, représentant toutes les tombes éparpillées sur le sol tourmenté du champ de bataille et sur lesquelles il n’est pas toujours possible d’aller s’agenouiller. Il cite à l’admiration de ceux qui ne les ont pas vu l’héroïsme de ses chers troupiers : « Je voudrais les embrasser tous, s’écrie-t-il, morts et vivants ! » Ils ont droit à un véritable culte ceux dont la mort fut le prix de la victoire. D’autres allocutions furent prononcées par MM. Matringhem, Merlin et Terquem.
Les allocutions de MM. Des Rotours et Delesalle, anciens combattants, furent chaleureusement applaudies, de même que celles de MM. de Lavenay, sous-préfet, et du général Lévi. Œuvre de l’entrepreneur Cuisinier, le monument, en pierre blanche, est constitué par un stèle léger et élancé, au haut duquel se tient une France au visage grave et triste, serrant d’une main le drapeau, de l’autre elle présente une couronne. Sur les trois faces du fût se lisent, en lettres de bronze, les noms des principales batailles.
De face, au pied du socle, un bas-relief, également en bronze, représente un casque se détachant sur un drapeau, encadré de lauriers, et où se lit cette inscription : « Souvenons-nous ». Quatre obus boches de gros calibre sont fixés sur les marches du monument, couvertes aujourd’hui de fleurs.
Tout autour court une vaste galerie carrée et, au fond, sur des tables de marbres, se lisent, en lettres d’or, les noms des 189 enfants du pays morts pour la France.
Ce beau monument fut érigé par les soins de la Mutuelle des mobilisés et des victimes de la guerre, qui ouvrit pour son érection, une souscription publique.