A NOZAY
L’inauguration du Monument aux Morts
Dimanche dernier, au milieu d’une affluence énorme, Nozay a rendu solennellement hommage à ceux de ses enfants « Morts pour la France ».
Un superbe monument a été élevé par la piété communale sur la place de l’Eglise.
Dans le dur granit breton, bravant l’usure des siècles, a été gravée la liste des 176 enfants de Nozay, que la mort a couchés dans la tombe. En ville, pas une maison qui n’ait pavoisé. A l’entrés de la rue de la Mairie, un arc de triomphe a été dressé, portant en motifs ces simples mots : « Honneur à nos morts ».
Journée splendide qui faisait revivre les chers disparus et auxquels la population tout entière de Nozay apporta son souvenir affectueux. (...)
L’inauguration du Monument
Aussitôt après la cérémonie religieuse, les Sociétés et groupements constitués viennent prendre place, dans un ordre parfait, car tout a été méthodiquement organisé autour du monument auprès duquel une tribune, pavoisée aux couleurs nationales a été élevée.
Immédiatement a eu lieu l’inauguration du monument.
Discours de M. le Maire
M. Letourneau, d’une voix vibrante et émue, prononce le discours suivant :
Monsieur le Préfet,
Messieurs les Parlementaires,
Mon Colonel
Mes chers Collègues
Je vous remercie, au nom des habitants de la commune de Nozay, d’être venus rehausser par votre présence l’éclat de cette cérémonie.
Je remercie également tous ceux qui ont souscrit pour ce monument, M. Bretaud qui en a été l’architecte, les membres de l’U.N.C. qui ont offert la magnifique palme, ceux qui ont travaillé à décorer les alentours, tous ceux, en un mot, qui ont contribué aux pompes de cette solennité consacrée à la glorieuse mémoire des enfants de Nozay morts pour la Patrie.
Des paroles plus autorisées que les miennes vont relater les hauts faits militaires de ceux que nous pleurons.
Qu’il me soit permis, cependant , comme représentant de la commune de Nozay, d’offrir mes hommages et mes condoléances aux familles de ceux qui sont morts pour le salut de la France.
Je viens vous dire mes chers amis : « Je comprends votre douleur, je comprends vos larmes, mais conservez dans votre cœur un sentiment de fierté, car ceux que vous pleurez furent des héros.
Je tiens à remercier tous les combattants, tous feux qui, par leur courage, par leur abnégation, leur résistance à toutes les intempéries, ont étonné le monde entier.
Je présente, en particulier, mes hommages de reconnaissance aux mutilés, qui ont payé si chèrement leur dette à la Patrie.
Je serais ingrat si j’oubliais dans cette énumération, ces femmes, ces jeunes filles, ces vieillards, ces enfants qui, pendant cette terrible guerre, déployant un effort surhumain, ont cultivé les terres et contribué si puissamment à sauver la France.
Pour le monument qui se dresse devant vous, nous avons choisi le granit et nous avons fait graver sur cette pierre, en caractères indélébiles, les noms de ces héros qui ont versé généreusement leur sang pour la France.
Je souhaite vivement, pour l’honneur de l’humanité, que ce monument, élevé aux martyrs de la Patrie, soit le dernier de cette nature ; mais , m’adressant plus particulièrement à vous, mes chers enfants, je viens vous dire : « Quand vous passerez sur cette place, ne manquez pas de lire avec respect les noms de ceux qui ont versé leur sang pour que nous restions des citoyens libres et si, un jour, l sol de la Patrie venait à être violé par un ennemi qui voudrait à nouveau attenter à votre indépendance, prenez comme exemple ceux dont les noms sont inscrits sur cette pierre et soyez, vous aussi, prêts à faire le sacrifice de votre vie pour le salut de notre chère et belle France , de ce pays que tous les peuples, malgré tout, sont d’accord pour appeler la grande nation.
Le président des A.C. de Nozay, M. Pasgrimaud, prononce ensuite le discours suivant :
Au nom de la section des Anciens Combattants de Nozay, j’apporte au pied de ce monument et garderont l’hommage du pieux souvenir que les survivants de la grande guerre gardent Garderont toujours de leurs frères d’armes tombés au champ d’honneur.
Ce n’est pas sans une profonde émotion que nous sommes venus nous associer à l’acte de reconnaissance par lequel la commune de Nozay va perpétuer la mémoire de ses fils morts pour la Patrie.
Attachés à ceux que nous pleurons, par des liens noués en des jours de malheur et par des épreuves communes, leur image à cet instant solennel se présente vivante en nos cœurs.
Acteurs de l’horrible drame qui les a emportés pour toujours, nous les revoyons dans la fournaise où ils ont été fauchés, et la cérémonie d’aujourd’hui ramène dans nos esprits, avec d’affreuses visions, tout un monde de souvenirs.
Après avoir rappelé ces souvenirs et évoqué la boue glorieuse des tranchées, M. Pasgrimaud poursuit en ces termes :
Oh !morts glorieux de la Marne, de la Somme, de l’Yser et de Verdun ! qui jamais saura dire ce que vous avez été, ce que vous avez vu, ce que vous avez fait, ce que vous avez souffert avant qu’ait sonné pour vous l’heure du suprême sacrifice ?
Dormez en paix ! Votre œuvre n’est point perdue, vos lauriers sont pour la France et pour vos fils, vos noms appartiennent à la postérité.
Il est modeste le granit par lequel vos concitoyens ont tenu à symboliser votre héroïsme et vos sublimes vertus, mais les habitants de Nozay en élèveront la valeur à la hauteur de vos mérites par la fidélité de leur souvenir, de leur reconnaissance et de leur affection. Ils aimeront vos orphelins et tous ceux que vous aimiez. Ils rediront votre histoire aux jeunes générations, ils leur apprendront que par votre vaillance vous avez assuré le triomphe de la Justice et du Droit.
Camarades de combat, enfants de Nozay qui reposez soit au cimetière du pays natal, ou sous la terre même que vous avez arrosée de votre sang, vos frères d’armes vous saluent fraternellement et bien bas.
Honneur à vous, glorieux héros !soyez bénis.
M. Alloche procède ensuite à l’appel des noms des 175 soldats que Nozay s’honore d’avoir donnés pour le salut de la Patrie.
Le cortège se reconstitua et une pieuse visite fut faite au cimetière, aux tombes des enfants de Nozay dont les dépouilles ont été ramenées au pays natal.
La cérémonie officielle était terminée.
Source :
Le Journal de Châteaubriant du 10/11/1923
https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=25363&id=483224369
Voir également Le Courrier de Châteaubriant du 10/11/1923
https://archinoe.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=16126&id=206935705